Rétro n°2 - Bretagne : Eau et Spiritualité

Publié le 20 Mai 2020

Pour ma mère, retourner en Bretagne c'était un peu un rêve. Pour moi, c'était une découverte très attendue.

J'aime arriver dans un pays nouveau, où tout est neuf, capte et excite mon regard. La Bretagne m'a régalée dans la découverte de territoires, d'ambiances, de légendes et... D'une nouvelle technique : l'aquarelle, que je n'avais encore approchée que par l'étude du carnet de voyage. Il suffit d'agrandir le format, de prendre plus de temps et de laisser l'eau courir sur le papier. Et c'est peut-être plus facile en Bretagne qu'ailleurs...

Suivez le fil de mon voyage, avec des morceaux d'aquarelle dedans !

On m'avait dit que "l'Océan c'était autre chose !".

Je l'ai trouvé très familier, très universel, comme le ciel. Comme un vieux copain que l'on aurait laissé dans le Sud et qui a juste changé de soleil.

Bien sûr l'eau y est parfois plus grise que bleue, mais qui connaît les colères noires de la Méditerranée sait qu'elle n'a rien à lui envier !

Ce qui est différent en Bretagne par rapport à la Méditerranée, c'est plutôt les nuanciers de la terre. Les couleurs sont très vives dans le sud. Le soleil fait scintiller les feuilles mais parfois écrase tout sous sa lumière. En Bretagne, les couleurs sont douces et les camaïeux de bleus sont partout.

Les bleus et les gris se déclinent infiniment et les verts se marient subtilement à eux. Le noir apporte sa force à la composition, en soulignant l'océan.

Il m'a fallu du temps pour maîtriser cette palette dominée par le gris de Payne et le bleu céruléum relevée de vert olive et de sépia.

L'eau est un élément capital et omniprésent en Bretagne.

Pour beaucoup, l'eau, c'est la plage. Les vacances.

Pourtant, en Bretagne, elle est partout. Elle s'insinue dans les terres. Se retirant subrepticement. Reconquérant son territoire en quelques lampées.

Et puis, il y a les sources.

Autrefois la population divinisaient les sources et les cours d'eau. Puis la religion catholique eu l'intelligence d'établir ses lieux de culte sur les mêmes emplacements, recouvrant et confondant les deux rites pour mieux détourner les fidèles.

Là où il y a un bâtiment religieux, cherche la source, elle est toute proche...

Elle est parfois transformée en vulgaire fontaine, en abreuvoir à bestiaux ou parfois même cachée, souterraine. Mais elle est là.

Ses adorateurs se sont détournés d'elle au profit des odeurs de myrrhe et d'encens, mais j'aime à imaginer que la divinité habite dans la nouvelle construction. Qu'elle reçoit toujours les honneurs sous le nom d'une idole catholique...

La basilique Sainte Anne d'Auray est, pour moi, toute particulière. Comme on le voit sur la photo, sous la sculpture au premier plan, elle a aussi sa source. Elle n'est pas dédiée à la vierge Marie, mais à sa mère, Anne. La mère de la mère, la matrice originelle. Si on la rattache aux cultes anciens, on pourrait la comparer à la Terre originelle, et elle porterait le nom de Gaïa par exemple. Celle dont nous venons tous...

La divinité installée ici, bénéficie d'un pèlerinage très important, que toute la ville accueille. Sainte Anne d'Auray reste un village très calme. C'est d'autant plus agréable de profiter tranquillement de ses beautés et de se promener sur sa magnifique esplanade.

La basilique siège au bout de la place. C'est un imposant bâtiment construit en pierres de granit taillé. Le granit ne manque pas en Bretagne, mais sa taille est particulièrement difficile. Pas de fines sculptures de dentelles, on laissera ça à la clôture de choeur de Notre Dame de Chartres (voir l'article ici), à la cathédrale de Rouens (pas loin) ou à toute autre merveille gothique.

Par contre, les pieds vibrent en se posant sur les dalles de l'entrée. Le décor bascule. Il fait bon chaud et ça sent l'encens dans cet endroit. C'est une expérience personnelle toute particulière, que je revis à chaque fois que j'y retourne.

Mais avis ! Peut-être qu'il faut être moi pour que le charme agisse...

Bien sûr on lèvera le nez longtemps devant les magnifiques vitraux.

Et si on est un peu artiste, on ne manquera pas de visiter le cloître de la basilique et ses murs tapissés d'ex-votos. C'est étonnant et ça fait réfléchir...

Tout au long de l'histoire des hommes, la Bretagne a vécu fortement la religion.

Il y eu les celtes et leurs constructions encore mal comprises. Mais dont la profondeur du sens doit être proportionnelle aux efforts pour les aboutir !

Puis les catholiques auront une grande influence dans le pays. Au 18ème siècle, ils soutiendront même le régime monarchique envers en contre tous (Il faut relire "Les Chouans" de Balzac). Un siècle plus tard, ils investiront dans une grande "campagne religieuse": vitraux, dorures, oriflammes,... , dont nous voyons partout les (pas toujours) beaux restes.

Mais avant tout cela, il y avait... Brocéliande !

Aaaaaaah ! Brocéliande ! J'ai a-do-ré Brocéliande !

C'est mon Disneyland à moi !

Voici le monde enchanté des contes et des légendes des temps oubliés !

On y trouve des cathédrales :

Hêtre de Ponthus (merci au site : broceliande-guide.fr pour la photo !)

Des chapelles :

Des lacs (encore de l'eau) :

Des boutiques :

Librairie "La petite maison des légendes" à Concoret

On s'y trouve comme transporté dans le Pays de ma Mère l'Oye !

Le paysage est verdoyant, bien rangé. Les forêts bien propres. Les boutiques, les expositions, les restaurants, les ateliers de l'Office du tourisme sont au service des légendes et de la celtitude. Les maisons ressemblent toutes à celle de Nouf-nouf. Vous savez ! Le petit cochons prévoyant qui construisit sa maison en pierre, et non en paille ou en bois ! Regardez comme la maison sur la photo ci-dessus ressemble l'archétype d'une illustration enfantine !

Et l'on rencontre même des elfes et des lutins ! (Non, je n'ai pas fumé de champi suspect ! Il y avait une animation à l'Office du tourisme. Non, mais !) Bon, on rencontre surtout des conteurs. C'est le bonheur des amateurs de randos-contées !

Je suis restée au moins une heure à la boutique de l'Office du tourisme et j'ai cramé ma carte bancaire !

Hélas !

Comme je dis aux enfants, lorsqu'il va falloir qu'ils quittent la médiathèque après avoir rêvé en écoutant un conte, ou découvert les merveilles des documentaires :

"Le temps a passé

Il est l'heure de reprendre vos affaires et de rentrer !"